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Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/102

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CONTES ET NOUVELLES.

j’allais peut-être le quitter pour quelques jours. Ils avaient faim. Après que nous eûmes déjeuné à la hâte, nous nous promenâmes en fumant un cigare.

— Eh bien ? me dit l’un d’eux.

— Eh bien, je suis décidé.

— Ah !

— Je n’irai pas à Londres.

— Vous n’irez pas à Londres ?

— Non.

— Voyons, pas d’enfantillage ; nous n’avons que le temps de regagner le train, et de monter sur le steamboat. Dépêchez-vous.

— Non, je ne pars pas.

— Mais vous n’avez rien à faire ici.

— Raison de plus pour que j’y reste.

Ils me quittèrent en haussant les épaules.

Eh bien, non, je n’irai pas à Londres, et je resterai à Sainte-Adresse. En faisant le tour de mon jardin, j’ai revu toutes mes fleurs, et celles qui déjà étalent leurs riches corolles épanouies, et celles qui sortent à peine de terre. Mes chères fleurs, ce n’est pas seulement un plaisir pour les yeux qu’elles me donnent ; elles se sont mêlées