née : c’est que, tandis que les autres se désespéraient et se lamentaient, Romain n’a pas dit un mot et n’a pas versé une larme.
— Il aime pourtant bien Bérénice.
— Qui sait ? les hommes sont si changeants !
Le lendemain matin, le tambour appela les jeunes gens qui devaient se mettre en route ; on les compta, ils n’étaient que onze, Romain seul manquait ; on l’appela, on alla le chercher chez ses parents d’abord, ensuite chez ceux de Bérénice ; on ne le trouva nulle part.
Les onze autres partirent en pleurant ; comme ils s’en allaient, on vit voltiger des morceaux de papier que le vent portait à la mer ; c’était la feuille de route de Romain, qu’il déchirait et jetait par morceaux, du haut d’une petite guérite au-dessus des falaises, surplombant sur la mer, et qu’on appelle la chambre aux demoiselles. La veille, pendant la nuit, et comme les femmes parlaient de lui à la fontaine, Romain était auprès de Bérénice.
— Romain, lui disait la belle fille, avant ton départ, j’ai voulu te voir, pour te renouveler le serment d’être ta femme ; si tu meurs, je ne me