Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
115
ROMAIN D’ÉTRETAT.

de la Providence, comment non-seulement elle n’a pas créé un être qui n’ait ses fonctions à remplir, mais comment encore elle n’a pas donné à cet être une passion, un goût qui ne doive concourir à l’ordre général.

Beaucoup de philosophes se sont égarés sur un point qui n’a pas tardé à les entraîner à l’absurde.

Ils ont considéré d’homme comme roi, maître, centre et but de la création ; alors ils se sont souvent demandé à quoi servaient telles ou telles choses ; mais, si au lieu de se demander à quoi ces choses pouvaient servir à l’homme, ils s’étaient demandé quel était leur office dans l’ordre général de l’univers, ils n’auraient eu qu’à ouvrir les yeux pour trouver une réponse satisfaisante.

Je citerai, pour exemple de cette erreur, un écrivain illustre, qui certes aimait la naturel, et la décrivait avec un grand charme : c’est Bernardin de Saint-Pierre. Eh bien, Bernardin de Saint-Pierre a été obligé de forcer bien des choses pour les faire entrer dans le cadre tracé par ce point de vue : l’homme, centre, but et fin de