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POUR NE PAS ÊTRE TREIZE.

alla dire à sa mère que j’acceptais. Madame Gautherot, rassurée, vint à moi, et me dit :

— Ma fille vous a avoué ma faiblesse, monsieur ; je suis bien reconnaissante de votre obligeance de ne pas trop vous moquer de moi. Messieurs, dit-elle en se tournant vers ses autres invités, M. Rignoux ne vient pas, nous allons dîner. Monsieur Morel, donnez-moi le bras.

On passa dans la salle à manger ; on avait dressé notre petite table ; madame Gautherot se chargea de l’explication. Fanny, quoiqu’elle m’eût parlé un peu plus familièrement qu’on ne fait à un homme qu’on n’a jamais vu, n’avait cependant fait aucune allusion à notre rencontre à Lausanne. Vers le milieu du dîner, on commença à causer bruyamment. Alors seulement j’osai lui dire :

— Vous rappelez-vous, mademoiselle, Lausanne et sa cathédrale, et le Signal, et la maison de Forestier, et ses colonnes de bois, sous les acacias en fleur ?

— Oui, dit-elle, et aussi le lac que l’on voit sous ses pieds, borné par des montagnes au som-