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Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/98

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CONTES ET NOUVELLES.

bruns, d’yeux noirs et vert de mer, à côté des cheveux blonds et des yeux bleus des Anglaises ; elles vont montrer leurs pieds fins et cambrés, à côté d’infirmités qui, nu-pieds, sont chinoises. Elles sont audacieuses et confiantes, elles ne redoutent pas les beautés les plus correctes ; si elles ne peuvent vaincre en bataille rangée, elles comptent sur la grâce, sur l’élégance, sur la coquetterie, pour escamoter la victoire.

On va combattre ainsi, et parer l’Exhibition de ses plus belles robes et de la manière de les porter.

Va-t-il rester ici quelques femmes pour échantillon et pour la fête de nos yeux ?

Mais qu’est-ce que cela me fait ? J’oublie que, moi aussi, je dois aller à Londres.

Aller à Londres ! c’est bien grave pour moi qui ne suis guère voyageur. Le goût des voyages promet bien plus d’ennui de ce qu’on quitte que de désir de ce qu’on va voir, et je ne m’ennuie pas ici. Ici, où j’ai mon jardin, ma cabane au bord de la mer et mes canots.

Aller à Londres ! En attendant, retournons à Sainte-Adresse ; le Havre envahi, le Havre en tumulte m’est désagréable.