Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/308

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ble à moi & aux Saints. Car je suis le Dieu non de la discorde, mais de 1a paix[1] ; & cette paix a pour fondement une vraye humilité, & non pas un zele aveugle & ambitieux.

Quelques-uns ont plus de devotion pour un Saint que pour un autre ; & c’est à qui relevera le lieu au-dessus des autres. Mais ce sentiment est plûtôt humain & naturel, que surnaturel & divin.

J’ai fait tous les Saints ; je leur ai donné ma grace ; je les ai reçus dans ma gloire.

Je sçai quel est le mérite de chacun d’eux ; & je les ai tous prévenus par des marques speciales de ma douceur & de ma bonté[2].

J’ai connu avant tous les siécles ceux que j’ai aimez & prédestinez. Ce n’est point eux qui m’ont choisi ; c’est moi-même qui les ai choisis & separez du monde.

C’est moi qui par mes inspirations les ai appellez ; qui par ma misericorde les ai attirez ; qui les ai conduits par la voye des tentations ;

Qui les ai comblez de saintes delices ; qui leur ai aidé à perseverer dans ma grace, & c’est moi enfin qui ai couronné leur patience.

Je les connois tous depuis le premier jusques au dernier, & il n’y en a pas un que je n’aime infiniment.

Je mérite d’être loué, d’être beni,

  1. 1 Corinth. 14. 3.
  2. Psal. 20. 4.