Page:Kempis - De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction Brignon, Bruyset, 1718.djvu/36

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de Dieu, il faut de necessité que pour le bien de la paix, il agisse quelquefois contre les propres lumieres.

Qui est l’homme assez éclairé pour sçavoir parfaitement toutes choses ?

Ne vous fiez donc pas trop à vôtre propre jugement : mais si vous êtes sage, déferez beaucoup à celui des autres.

Quoi que vôtre avis soit bon, vous n’aurez pas peu de mérite à y renoncer pour l’amour de Dieu.

J’ai souvent oüi dire qu’il y a moins de seureré à donner conseil, qu’à le recevoir.

Il peut aussi arriver que bien que le sentiment des autres ne soit pas mauvais, il sera bon toutefois de leur ceder en de certaines rencontres, parce qu’une trop longue resistance marque de l’opiniâtreté & de l’orgueïl.


CHAPITRE X.
Qu’il faut retrancher les paroles superfluës.

FUiez autant qu’il se peut le tumulte du monde ; car quoy qu’on n’ait pas l’intention mauvaise, on ne peut s’entretenir des choses du siécle, qu’on n’en ait l’esprit occupé & embarrassé.

Ces sortes d’entretiens soüillent bientôt l’ame, & l’empêchent de s’élever librement à Dieu.

O que je voudrois avoir souvent