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Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/34

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violent et de plus délicieux ; et que ces mots : Me voici, mon fils ! ne cessaient de retentir dans mon âme, et d’en ébranler puissamment toutes les facultés. »

Que de grâces cachées renferme un livre dont un seul passage, aussi court que simple, a pu toucher de la sorte une âme longtemps endurcie par l’orgueil philosophique ! Qu’on ne s’y trompe pas cependant : pour produire ces vives et soudaines impressions, et même un effet vraiment salutaire, l’Imitation demande un cœur préparé. On peut, jusqu’à un certain point, en sentir le charme, on peut l’admirer sans qu’il résulte de cette stérile admiration aucun changement dans la volonté ni dans la conduite. Rien n’est utile pour le salut que ce qui repose sur l’humilité. Si vous n’êtes pas humble, ou si, au moins, vous ne désirez pas le devenir, la parole de Dieu tombera sur votre âme comme la rosée sur un sable aride. Ne croire que soi est le caractère de l’orgueil. Or, privé de foi et d’amour, de quel bien l’homme est-il capable ? À quoi lui peuvent servir les instructions les plus solides, les plus pressantes exhortations ? Tout se perd dans le vide de son âme, ou se brise contre sa dureté. Humilions-nous, et la foi et l’amour nous seront donnés : humilions-nous, et le salut sera le prix de la victoire que nous remporterons sur l’orgueil. Quand le Seigneur voulut montrer, pour ainsi dire, aux yeux de ses disciples la voie du ciel, que fit-il ? Jésus, appelant un petit enfant, le plaça au milieu d’eux et dit : En vérité, je vous le dis, si vous ne vous convertissez et ne devenez comme de petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux[1].

P. S. On a cru qu’il serait utile de placer à la fin des chapitres de l’Imitation quelques Réflexions qui en fussent comme le résumé. Elles tiendront lieu des pratiques du P. Gonnelieu. Ces pratiques, qui furent écrites dans un siècle où il y avait encore de la foi dans les cœurs et de la simplicité dans les esprits, semblent être devenues insuffisantes dans des temps malheureux où le raisonnement a tout attaqué et tout corrompu. On s’est néanmoins efforcé d’atteindre, par des moyens différents, le même but que s’était proposé ce pieux écrivain, en fixant l’attention sur les principaux préceptes ou sur les plus importants conseils contenus dans chaque chapitre.

Nous finirons par un mot sur les principales traductions faites dans notre langue du livre de l’Imitation.

La plus ancienne de celles qui méritent d’être citées a pour

  1. Matth., xviii, 2 et 3.