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La cellule qu’on quitte peu devient douce ; fréquemment délaissée, elle engendre l’ennui.

Si dès le premier moment où vous sortez du siècle, vous êtes fidèle à la garder, elle vous deviendra comme une amie chère, et sera votre consolation la plus douce.

6. Dans le silence et le repos, l’âme pieuse fait de grands progrès, et pénètre ce qu’il y a de caché dans l’Écriture.

Là, elle trouve la source des larmes dont elle se lave et se purifie toutes les nuits ; et elle s’unit d’autant plus familièrement à son Créateur, qu’elle vit plus éloignée du tumulte du monde.

Celui donc qui se sépare de ses connaissances et de ses amis, Dieu s’approchera de lui avec les saints Anges.

Il vaut mieux être caché et prendre soin de son âme, que de faire des miracles et de s’oublier soi-même.

Il est louable dans un religieux de sortir rarement, et de n’aimer ni à voir les hommes ni à être vu d’eux.

7. Pourquoi voulez-vous voir ce qu’il ne vous est point permis d’avoir ?

Le monde passe et sa concupiscence.

Les désirs des sens entraînent çà et là ; mais, l’heure passée, que rapportez-vous, qu’une conscience pesante et un cœur dissipé ?

Parce qu’on est sorti dans la joie, souvent on revient dans la tristesse ; et la veille joyeuse du soir attriste le matin.

Ainsi toute joie des sens s’insinue avec douceur, mais à la fin elle blesse et tue.

8. Que pouvez-vous voir ailleurs que vous ne voyiez où vous êtes ? Voilà le ciel, la terre, les éléments : or, c’est d’eux que tout est fait.

Où que vous alliez, que verrez-vous qui soit stable sous le soleil ?

Vous croyez peut-être vous rassasier ; mais vous n’y parviendrez jamais.

Quand vous verriez toutes choses à la fois, que serait-ce qu’une vision vaine ?