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CYRIL AUX DOIGTS-ROUGES

Alors éclata un hurlement de frayeur et les Tartares se dispersèrent comme des moutons devant ce nouveau et terrible engin destructif. Les chefs et les simples soldats s’enfuirent de tous côtés, jetant leurs armes pour courir plus vite ; et si les Russes avaient été capables de faire une sortie, le siège aurait été fini ce jour là. Mais la garnison était trop épuisée, surtout que la porte du fleuve (suivant les ordres préalables d’Octaï) était menacée maintenant par un parti assez fort de Tartares qui, ignorant le désastre de leurs camarades, se précipitaient sur les remparts en poussant des cris terribles et envoyant des volées de flèches pour occuper dans cet endroit les Russes déprimés.

Mais en apprenant la défaite de leur armée, ils se retirèrent bien vite et depuis ce jour, la ville sembla sauvée. La terreur et la confusion étaient si grandes parmi ces troupes que le matin suivant lorsque l’aube apparut, les Russes s’attendirent à voir le camp tartare déserté.

Mais hélas ! ils furent bien vite déçus. Octaï Khan lorsque sa première terreur fut passée, se rappela la description de tels engins que lui avaient faite des commerçants grecs qui visitaient occasionnellement ses contrées, et s’étant dit qu’il n’y avait rien de magique, il avait pu ramener ses hommes à la même opinion.

Alors, comme toujours, la honte de leur récente alarme, rendit les Tartares doublement furieux et le soleil était à peine levé, qu’ils accoururent vers la ville dans une nouvelle furie. Le plan d’attaque était maintenant terrible car il consistait à envoyer sur la ville, des flèches où étaient attachées des herbes flambantes. Les maisons de bois étaient devenues, par ce soleil ardent, aussi sèches que de l’amadou et une seule flèche aurait suffi pour mettre la ville en flammes.

Heureusement le prudent Vladimir avait laissé un large espace vide entre les murailles et les huttes les plus rapprochées et de toutes les flèches qui tombèrent dans la ville pas une n’atteignit les cabanes. Mais les deux portes (car la ville était assaillie de deux côtés à la fois) furent bientôt couvertes de tous ces dards de feu et le bois sec fut vite en flammes trop ardentes pour qu’on puisse les éteindre.

Malgré cette extrémité effrayante, les Russes résistaient plus opiniâtrement que jamais. Comme les archers ennemis circulaient çà et là sur leurs chevaux petits et rapides, les Russes leur envoyaient des tourelles, des flèches qui manquaient rarement leur but. Sur ces entrefaites, Sylvestre et une troupe d’élite, défiant les flèches qui tombaient autour d’eux, élevèrent, avec une vitesse surprenante, une barricade de pierres et de paniers remplis de terre, juste en face de la porte en feu, et lorsque les barreaux brûlants s’écroulèrent, les Tartares chargèrent avec des cris de triomphe et se heurtèrent à une nouvelle muraille de derrière laquelle