Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/140

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27 du même mois, à la sollicitation du général Michaut. Les deux particuliers furent exécutés. Étienne Le Frotter était contumace, et Mme  Le Frotter, quand on alla lui prononcer son jugement, dit, pour se sauver, qu’elle avait lieu de se croire enceinte. On la fit examiner, et, sur le rapport du chirurgien, on lui accorda une surséance de trois mois, qu’elle devait passer en prison, à Saint-Brieuc. Pendant ce temps, elle fit preuve d’un courage héroïque : toujours calme, toujours résignée à la volonté de Dieu, il ne parut jamais dans ses discours et dans ses lettres ni dépit, ni haine, ni terreur, ni esprit de vengeance, ni abattement. Elle m’écrivit quelques lettres, uniquement pour me recommander Gabriel Le Frotter, son troisième fils, qu’elle laissait sans ressources et en bas âge. »

Bien que le jugement ne prononçât aucune peine contre Honorat Le Frotter, il continua à être détenu. Après la délivrance de sa mère et sa mort à Lorges, il servit dans l’armée morbihannaise ; mais, quelque temps après, étant tombé, lui neuvième, dans une embuscade où son chef et un de ses camarades furent tués, il fut fait prisonnier, emmené d’abord à Hennebont, ensuite chargé de fers à Lorient, où, ayant été traduit devant une commission militaire, ses six camarades furent condamnés à mort et exé-