Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dire, et je ne saurais trop le répéter, que je défie qui que ce soit de désigner une famille de Chouans s’étant enrichie aux dépens d’autrui, alors que l’on vendait les biens des émigrés, ceux de l’Église et souvent même les leurs à vil prix. Ils ont apporté dans la guerre, sans se préoccuper des lâchetés dont ils étaient à chaque instant victimes, l’esprit chevaleresque qui avait tant contribué à faire honorer notre nation.

Par quelles représailles, en effet, ont-ils répondu aux incendies de la Vendée, aux noyades de Nantes, aux mitraillades de Lyon, aux massacres de la guillotine promenée dans l’Ouest de ville en ville par les révolutionnaires, réclamant les hécatombes que de lâches pourvoyeurs préparaient[1] ?

Cependant, à part quelques misérables espions fusillés, et quelques malheurs regrettables, mais inséparables de la guerre civile, les royalistes défendirent courageusement, loyalement, les droits les plus sacrés, les plus imprescriptibles des citoyens d’une nation civilisée, sans se départir des sentiments d’humanité qui étaient le fond de leur éducation. On a vainement essayé de mettre à leur charge les forfaits des forçats lancés par la Convention sur notre infortuné pays : en Vendée, la Révolution eut recours à l’em-

  1. Pièces justificatives, annexe n° 4.