Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/162

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peut-être s’attendre d’une génération si bouleversée, la Restauration, dis-je, se conduisit avec autant de sagesse et d’honnêteté que le comportait la situation.

Le pays allait redevenir florissant, lorsqu’une nouvelle tempête s’éleva et faillit l’engloutir. Bonaparte, fuyant l’exil de l’île d’Elbe, dans laquelle on l’avait relégué, débarqua en France le 1er mars 1815, avec le peloton d’honneur que les Souverains avaient cru devoir mettre à son service.

Sa marche sur Paris fut un triomphe : oubliant les maux dont cet homme avait accablé la nation, oubliant les flots de sang versés, oubliant ses serments, l’armée française, un maréchal de France en tête, passa à l’ennemi !…

L’histoire, la lamentable histoire de l’humanité ne fournit pas, je crois, un acte plus triste que celui-là. Le vieux Roi de France, trahi par ceux auxquels il s’était fié, se rappelant peut-être l’égorgement de Louis XVI, l’assassinat du duc d’Enghien, dut se réfugier à l’étranger, en Belgique.

Quant à Bonaparte, profitant de l’engouement d’une partie de la nation, il la relança dans la guerre, jusqu’à ce que mort s’ensuivît dans les plaines de Waterloo, où la France prouva une fois de plus son héroïsme sur les champs de bataille.

À la nouvelle du débarquement dans le golfe Juan