et de la marche enthousiaste de Bonaparte sur Paris, le pays fut d’abord frappé de stupeur, puis consterné de retomber sous le joug : on s’agita de toutes parts dans les départements de l’Ouest, et l’on s’y prépara immédiatement à la plus énergique résistance, contrairement à ce qu’ont écrit des historiens de cette époque. Il fut convenu que la Vendée devait donner le signal ; mais les circonstances contrarient souvent les plans les mieux combinés. Il en fut ainsi dans les Côtes-du-Nord : un événement déplorable et fort inattendu vint hâter la prise d’armes, prévue, du reste : cet incident fut la mort violente du maire de Pommerit-le-Vicomte, canton de Tréguier, dont les auteurs furent quelques royalistes exaspérés par les provocations incessantes des anciens révolutionnaires, devenus naturellement d’effrénés bonapartistes.
Ce maire, dont je désapprouve énergiquement le meurtre, fut à la fois imprudent et déraisonnable ; ses menaces continuelles, ses persécutions s’adressaient à des hommes d’autant plus dignes d’égards qu’ils avaient vu périr les leurs, égorgés, sans jugement, sous les coups des révolutionnaires ; ils avaient été jadis dépouillés de leurs biens, privés de situations importantes ; l’un d’eux, dans son enfance, avait même été placé, par un raffinement de cruauté,