Page:Kerigant - Les Chouans - Épisodes des guerres de l’Ouest dans les Côtes-du-Nord, 1882.djvu/48

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pour s’émouvoir outre mesure et se laisser abattre par un trouble momentané, résultat de morts successives et imprévues. D’ailleurs, la plupart d’entre eux savaient parfaitement que leurs ennemis seraient sans merci à leur égard, comme le prouvèrent les odieux massacres dont divers points de la Bretagne furent le théâtre après Quiberon ; aussi se préparèrent-ils à vendre chèrement leur vie.

En attendant le rétablissement de l’unité dans le commandement, Le Gris du Val, devenu, par le concours des événements, le chef du parti royaliste dans les Côtes-du-Nord, s’occupa sans relâche d’organiser une force permanente. Vivant à Boscenit avec son beau-frère, il y établit son quartier général.

Les garnisons de la[sic] Trinité, de Merdrignac, de La Chèze et de Loudéac furent alternativement attaquées. Dans la dernière de ces villes, par un stratagème singulier et témoignant du désordre existant dans l’armée républicaine, les royalistes s’emparèrent des chevaux et des harnachements d’un escadron de hussards.

Profitant d’un jour de fête, ils enivrèrent les hommes et paralysèrent toute résistance[1]. Le Gris du Val

  1. Habasque, Notions Historiques sur les Côtes-du-Nord, t. IIIe, page 57. — J’ai fait vendre, trente et quelques années après, tous les effets d’équipement qui se trouvaient encore dans les greniers de Kerigant et de Quintin. Les bottes servaient à pêcher le saumon dans l’Oust.