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le mobilier de la maison et sur les habitants du village, parmi lesquels il avait vécu longtemps, en montrant à lire à leurs enfants.

La commission chargée de l’enquête emmena Méraiss avec elle et ne put constater les faits du procès-verbal rédigé sur ses déclarations : non-seulement le mobilier n’était pas celui qu’il avait indiqué, il ne se trouvait pas non plus disposé comme il l’avait déclaré ; mais, en outre, aucun habitant, aucun enfant ne reconnut le dénonciateur, et ils s’en éloignèrent comme d’un imposteur, comme d’un pestiféré.

En présence de ces faits, cet homme fut mis de nouveau au secret le plus sévère. Il mourut dans la prison peu de temps après l’enquête à Kerigant, et l’on ne manqua pas d’accuser les prisonniers de sa mort, bien qu’ils n’eussent aucun rapport avec lui. On a dit, et ceci paraît exact, que ce misérable mourut à la suite de libations trop copieuses d’eau-de-vie.

Aussitôt après les incidents ci-dessus relatés, les prisonniers s’occupèrent de la révision du jugement. Une copie du dit jugement étant nécessaire pour constituer des avocats à Rennes, ma mère se chargea de cette mission délicate. Ses démarches au sujet de la copie ne furent pas longues ; ce fut l’affaire de cent louis. Dès le 19 juillet, au soir, elle partait