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ayant désormais intérêt à la perdre, chercha d’abord à gagner du temps, et combla de cadeaux celle du président du conseil de guerre : des dentelles précieuses lui furent offertes, et aussi un huilier en vermeil artistement travaillé. Cet huilier figura plus tard dans une vente de mobilier et fut acheté à la famille Champeaux par celle de M. Varin, ancien procureur général à la Cour de Rennes sous la Restauration.

Mais bientôt, sous l’empire de vives appréhensions et de l’avis des prisonniers, ma mère tenta une délivrance immédiate et s’entendit à cet effet avec quelques-uns des chefs intransigeants qui n’avaient pas voulu déposer les armes. Elle vit particulièrement Le Nepvou de Carfort et Duviquet, ce dernier ancien officier au 104e de ligne, dont le régiment tenait encore garnison à Saint-Brieuc.

En racontant cet essai d’évasion, l’honorable auteur des Guerres de l’Ouest, M. Théodore Muret, a commis à l’égard de Duviquet une erreur que je crois devoir rectifier. Il suppose que la tentative faite par ce brave officier dans le but de délivrer les prisonniers avait pour mobile l’amour qu’il portait à une jeune fille du pays, Mlle  Pélagie du Lorin. Or, celle-ci, j’en ai la conviction au moins, était en liberté depuis quelques jours, ainsi que le constate le jugement cité plus haut, et, dans tous les cas, Duvi-