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Page:Kervarker - Bardes bretons.djvu/22

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d’or qui conjure tous les dragons, il dit adieu à son pays par amour pour ce pays même : il se rendit à Londres (1760), il entra comme employé dans le magasin d’un marchand de fourrures de Tames’s street, et, après être devenu d’homme de peine commis, de commis associé y et enfin chef de l’établissement, à la mort du propriétaire, après avoir, durant quarante ans, prélevé, jour par jour, shelling par shelling, sur ses économies, la somme nécessaire pour faire copier, puis imprimer les textes des anciens poèmes bretons ; encouragé par quelques amis exilés avec lui du sol de la patrie, avec lui pleurant bien souvent au souvenir du pays natal, soutenu même et provoqué par les injustes préventions, les doutes injurieux, et les grossières railleries des étrangers contre les bardes, il les publia, en 1801, sous le titre d’Archéologie galloise de Myvyr ou Myvyrian archaiology of Walles.[1]

L’épigraphe du recueil : Toute chose inconnue est mise en doute, paroles empruntées aux maximes des bardes, fut une réponse aux préjugés dont ils étaient l’objet.

Afin de détruire jusqu’à l’ombre d’un soupçon sur l’existence des manuscrits originaux, l’éditeur poussa, on peut le dire, à l’excès la réserve et le scrupule, en les livrant à l’impression, n les reproduisit tels quels, sans altération, sans changement d’aucune espèce, pas même pour corriger les erreurs de copie les plus manifestes. Malgré ces précautions prescrites en quelque sorte par l’incrédulité régnante, le recueil des anciens bardes ne reçut point d’abord l’accueil que méritaient le désintéressement patriotique, les vues élevées

[2]

  1. Trois volumes de cette collection, qui devait en avoir davantage, ont seuls paru. (London, 1801-1807, in-8o, édition épuisée.) Owen Jones Myvyr s’associa pour l’éditer à Edward Williams et à Williams Owen, père du savant traducteur des lois galloises.
  2. magis pseudopolilicis, ut opinor, quam litteratis dissuasus promissum revocavit. (E. Lhnyd, Archœologia britannica, p. 261.)