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C’est de tous les arts celui qui nous parle le plus de la création, du fini et de l’infini ; dans sa confidence il va plus loin que la musique, si pénétrante pourtant ! il fixe l’insaisissable : le regard, le sourire, l’expression de l’âme !

L’artiste est l’interprète qui fait voir la nature intérieure ou extérieure au miroir de son âme. Sa main ne s’est exercée que pour rendre à nos yeux plus sensibles les beautés du monde vivant.

Je ne m’étendrai pas en dissertations ; le temps presse, et le lecteur attend de moi des impressions, mon sentiment, non un cours d’esthétique. Je laisse à des plumes plus autorisées le soin de discourir sur l’art ; suis-je pour le dessin ou pour la couleur ? L’épigraphe que j’ai choisie doit donner la mesure de ma pensée artistique.

Mais me voici dans ce palais immense affecté aux exhibitions de l’industrie, cette souveraine moderne. L’art n’est pas chez lui, on le sent, on le comprend ; hélas ! nous sommes si peu avancés en ce qui touche les arts et leurs expositions ; nous accrochons le tableau, nous plaçons la statue n’importe où, sans nous douter qu’il y a pour la peinture et pour la sculpture des conditions d’optique, comme il y a des conditions d’acoustique pour la musique. Comment nous éton-