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monieuses, que l’impression de la nature y est saisie vivement par le modelé, par le relief, que les tons y dessinent les formes, au lieu de paraître enfermées dans des contours accusés ou superposés à des formes accentuées sans leur concours.

Ces qualités-là, qui lui sont réelles, ne sont méconnues par personne. Dans les œuvres de M. Hébert, je les reconnais bien volontiers.

Mais jusqu’à présent, devant ces tableaux, je n’ai joué que le rôle d’un critique, et ce sont les impressions de la femme que je vous dois. Aussi, maintenant, je ne vais plus analyser, ni détailler, ni reprendre tel contour, ni blâmer telle pose ; je ne m’en sentirais pas la force devant cette peinture sympathique et qui fait doucement rêver. Devant le tableau de la Rosanera je me sens émue par je ne sais quel sentiment vague, par une grâce naïve et printanière qui révèle le peintre bien doué, tendrement épris de son art, et qui enfante avec ivresse une œuvre embellie de toute la fraîcheur mélancolique d’un premier amour. J’ai entendu contester que ces jeunes filles fussent de vraies Italiennes ; que m’importe ? ce que je sais, c’est qu’elles ressemblent à des fleurs sauvages qui ont fleuri sur ce sol ; ce que je sais, c’est que ces