Page:Kindt - Pour se damner.djvu/189

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finement modelées, semblaient couchées, comme de merveilleux oiseaux de la Chine sur l’orbe d’un vase éclatant de couleurs.

L’automne répandait sa poésie mélancolique ; les feuilles rousses étaient tombées sur le sol, mêlées aux mousses et aux lichens ; les hautes bruyères, devenues brunes, et les fougères, barbouillées d’ocre jaune, venaient mourir aux pieds des chênes qui se bronzaient de tons ferrugineux ; les genévriers avaient pâli, les houx seuls demeuraient luisants et rouges.

Ils erraient, s’enivrant de ces teintes, de ce silence, de cette saison merveilleuse qui n’a ni les rigueurs de l’hiver, ni les ardeurs de juillet, ni les mollesses d’avril ; ils erraient, l’âme enlevée comme sur des ailes d’aigle, en de plus hautes extases. Et la charmante amoureuse regardait le paysage, la taille prise dans les bras de celui qui ne regardait qu’elle ; elle songeait aux jours passés, pleins d’ennui et de trouble ; il lui semblait que sa vie s’effaçait derrière un brouillard toujours plus intense.