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la plus belle histoire du monde

mais il était trop tard. Nous ne pouvions que tourner un peu parce que la galère à notre droite s’était collée à nous et nous empêchait de bouger. Et alors, crédié ! quel choc ! Nos rames de gauche commencèrent à se casser au fur et à mesure que l’autre galère, celle qui arrivait, vous savez, enfonçait son nez dedans. Alors les rames de l’entrepont jaillirent à travers les planches du pont, le manche en avant, et l’une d’elles sauta en l’air et vint retomber tout près de ma tête.

— Comment cela était-il arrivé ?

— L’avant de la galère en marche les refoulait à travers leurs propres trous, et j’entendais un potin du diable dans les entreponts au-dessous. Alors, son nez nous prit presque par le milieu, et nous penchâmes de côté, et les hommes de la galère de droite détachèrent leurs grappins et leurs cordes, et lancèrent des choses sur notre pont, — des flèches, de la poix chaude ou quelque chose qui brûlait, et nous montions, nous montions, plus haut, toujours plus haut, sur la gauche, et le côté droit plongeait, et je