Page:Kipling - Contes Choisis, 1918.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
contes choisis

tordis le cou pour regarder, et je vis l’eau rester immobile comme elle surplombait le bordage de droite, puis elle se recourba et s’écroula avec fracas sur nous tous à droite, et je sentis le choc sur mon dos, et je m’éveillai.

— Une minute, Charlie. Lorsque la mer surplomba le bordage, à quoi ressemblait-elle ?

J’avais mes raisons pour faire cette question. Un homme de ma connaissance avait sombré une fois avec son navire, à la suite d’une voie d’eau, dans un calme, et avait vu le niveau de l’eau hésiter un instant avant qu’elle tombât sur le pont.

— Cela avait l’air d’une corde de banjo tendue à rompre, et cela semblait demeurer là des siècles, dit Charlie.

Exactement ! L’autre avait dit : « C’était comme un fil d’argent posé le long du bordage, et je croyais qu’il ne casserait jamais. » Il avait payé de tout ce qu’il possédait, à la vie près, ce petit renseignement sans valeur, et j’avais franchi dix mille longues lieues afin d’acquérir