Page:Kipling - Du cran.djvu/95

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mait, pour le moins, neuf heures de sommeil, mais il resta éveillé vingt bonnes minutes, durant lesquelles il pensa de façon intense, rapide et joyeuse. L’eût-on questionné qu’il eût répondu que ses pensées avaient trait uniquement à La Crevette et an jugement qui avait fondu sur lui ; mais William n’était pas psychologue. Il ne savait pas que la haine — une haine féroce contre un trop vertueux aîné, trop chargé d’insignes — l’avait lancé dans un nouveau monde, exactement comme le gros obus obtus se voit soulevé à travers l’espace, pour tomber dans une usine, un jardin ou une caserne, par la charge qui est derrière lui. Et, comme l’obus, qui n’est que métal et mélange de produits chimiques, n’a besoin que du simple effleurement sur la fusée pour se répandre sur tout le paysage, ainsi son âme n’eut-elle besoin que du toucher de cette haine pour flamber et illuminer non seulement tout son univers, mais sa route à travers.

Le lendemain matin quelque chose lui chanta à l’oreille que depuis longtemps il n’avait fait de Bonne Action, sauf pour ce qui était de rendre des services à son oncle, lequel était lent à