Page:Kipling - Le Livre de la jungle, trad. Fabulet et Humières.djvu/259

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— j’ai suivi monseigneur l’Éléphant, mais jamais je n’ai entendu dire qu’un enfant d’homme ait vu ce que cet enfant a vu. Par tous les dieux des montagnes, c’est… que peut-on dire ?…

Et il secoua la tête.

Lorsqu’ils revinrent au camp, c’était l’heure du souper. Petersen Sahib mangeait seul dans sa tente, mais il donna des ordres pour qu’on distribuât deux moutons et quelques volailles, avec une double ration de farine, de riz et de sel, car il savait qu’il y aurait fête. Grand Toomai, en toute hâte, était monté de la plaine pour se mettre en quête de son fils et de son éléphant, et, maintenant qu’il les avait trouvés, il les regardait comme s’il avait eu peur de tous deux.

Et il y eut fête, en effet, autour des grands feux de camp qui flambaient sur le front des lignes d’éléphants au piquet, et Petit Toomai en fut le héros. Les grands chasseurs d’éléphants, à la peau bronzée, traqueurs, conducteurs et lanceurs de cordes, et ceux qui savent tous les secrets pour dompter les éléphants les plus sauvages, se le passèrent l’un à l’autre, et lui firent une marque sur le front avec le sang du cœur même d’un coq de jungle fraîchement tué, pour montrer qu’il était un forestier, initié, à pré-