pour la chasse du bœuf musqué et la pêche d’hiver. Ce voyage s’accomplissait en traîneaux à chiens, par traites de vingt et trente milles, ou, quelquefois, le long de la côte, dans les grands « bateaux de femmes », faits de peaux cousues, où les chiens et les bébés reposaient entre les pieds des rameurs, et où chantaient les femmes tandis qu’ils glissaient de cap en cap sur l’eau limpide et froide. Tout ce que les Tununirmiut connaissaient de raffinement venait du sud — bois échoué pour patins de traîneaux, pointes de fer pour le bout des harpons d’acier, chaudrons étamés dans lesquels on cuit la nourriture beaucoup mieux que dans les vieux ustensiles de marne savonneuse, pierres à fusil, briquet et jusqu’à des allumettes, rubans de couleur pour les cheveux des femmes, petits miroirs à bon marché, et drap rouge pour border les jaquettes de cérémonie en peau de renne.
Kadlu faisait le commerce du précieux ivoire de couleur crème que donne la corne en spirale du narval, et des dents de bœuf musqué (qui ont autant de valeur que les perles) avec les Inuit du Sud, et ceux-ci en trafiquaient à leur tour avec les baleiniers et les postes de missions des détroits d’Exeter et de Cumberland ; de sorte que, grâce à cette