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le second livre de la jungle

Chose avait disparu, et Kotuko, accroupi autour de la lampe, parlait avec exaltation de son pouvoir sur les esprits, quand, au milieu de ses paroles égarées, la jeune fille se mit à rire et à se balancer d’arrière en avant.

Derrière son épaule, deux têtes, l’une jaune et l’autre noire, s’introduisaient en rampant tout bas dans la hutte, les têtes des deux chiens les plus penauds, les plus honteux qu’on ait jamais vus. L’une appartenait à Kotuko, le chien, et l’autre au conducteur noir. Tous deux étaient gras à présent, bien portants, et tout à fait revenus à leur état normal, mais accouplés l’un à l’autre de la plus étrange façon. Lorsque le conducteur noir s’enfuit, il avait encore, vous vous en souvenez, son harnais sur le dos. Il devait, après avoir rencontré Kotuko, le chien, s’être amusé ou battu avec lui, car son nœud coulant d’épaule s’était pris dans le fil de cuivre tressé du collier de Kotuko, et s’était serré à fond de telle sorte qu’aucun d’eux ne pouvant atteindre le trait pour le ronger, chacun restait attaché, flanc contre flanc, au cou de son voisin. Cela, joint à la liberté de chasser pour leur propre compte, devait avoir contribué à les guérir de leur folie. Ils semblaient en effet parfaitement raisonnables.