Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/321

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
312
le second livre de la jungle

d’étranges choses bondir par-dessus le bord de la falaise — de gros blocs, semblait-il, d’abeilles en grappes, qui tombaient comme des plombs de sonde ; et, dès que le bloc touchait l’eau, les abeilles remontaient, et le corps d’un dhole tournoyait au fil du courant. Au-dessus de leurs têtes, ils pouvaient entendre de courts aboiements de fureur étouffés sous un grondement pareil à celui du tonnerre — le grondement des ailes du Petit Peuple des Rochers. Quelques-uns des dholes étaient mêmes tombés dans les crevasses communiquant avec les grottes souterraines, et là, suffoquaient, luttaient et mordaient à vide parmi les rayons de miel écroulés, pour, à la fin, transportés morts sur les vagues d’abeilles soulevées au-dessous d’eux, être lancés de quelque trou en face de la rivière, et s’en aller rouler sur le tas d’ordures noires. D’autres avaient sauté trop court, et, dans les arbres sur les falaises, on voyait les abeilles effacer leur silhouette ; mais le plus grand nombre d’entre eux, affolés par les piqûres, s’étaient jetés dans la rivière, et, comme l’avait dit Kaa, l’eau de la Waingunga avait toujours faim.

Kaa maintint étroitement Mowgli jusqu’à ce que le garçon eut repris haleine.