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le miracle de purun bhagat

sauvages : tout le miracle consiste à se tenir en repos, à ne jamais faire un mouvement irréfléchi, et, pour un assez long temps au moins, à ne jamais regarder en face un visiteur. Les villageois aperçurent la silhouette du barasingh arpentant, comme une ombre, les profondeurs de la forêt qui s’étendait derrière le temple ; ils virent le minaul, le faisan de l’Himalaya, faire resplendir ses plus belles couleurs devant la statue de Kali ; et les langurs, assis sur leurs trains de derrière, jouer à l’intérieur du temple avec des coquilles de noix. Quelques-uns des enfants avaient aussi entendu Sona se chauler une chanson à lui-même, à la façon des ours, derrière un éboulis de roches : et la réputation du Bhagal, comme faiseur de miracles, s’affermit solidement.

Et pourtant, rien n’était plus éloigné de son esprit que le miracle. Il pensait que tout n’est qu’un vaste miracle : et lorsqu’un homme sait au moins cela, il en connaît assez pour se conduire. Il savait, de science certaine, qu’il n’y a rien de grand, rien de petit en ce monde ; et nuit et jour il s’efforçait de démêler la voie qui, pénétrant au cœur mystérieux des choses, le ramènerait au point d’où son âme était partie.

Songeant ainsi, ses cheveux, qu’il ne coupait plus,