Aller au contenu

Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
347
LE CHIEN D’OR

uns se mirent à chanter cette fameuse chanson qui exprimait si bien l’esprit railleur et la gaieté de la nation française à l’époque de l’ancien régime :

Vive Henri quatre !
Vive ce roi vaillant !
Ce diable à quatre
A le triple talent
De boire, battre
Et d’être vert-galant !

VIII.

Ils sortirent en chantant et se rendirent à la Fleur de-lys.

Ils entrèrent sans cérémonie dans une chambre spacieuse, basse, traversée au plafond par des poutres épaisses. Les murs de cette pièce, enduits d’une grossière couche de plâtre, disparaissaient sous les proclamations des gouverneurs et des intendants, et sous les ballades apportées de France par les matelots. Le papier jauni de toutes ces uniformes productions remplaçait la peinture.

Au milieu de cette chambre, il y avait une longue table, et autour de la table, des matelots, des voyageurs, des canotiers, en chemise et coiffés de tuques bleues ou rouges… Tous ces gens fumaient leur pipe, causaient, ou chantaient. Ils paraissaient jouir et s’amuser. Leurs faces laides et riantes, légèrement éclairées par la blafarde lumière qui tombait des chandelles de suif fixées aux murs, auraient été dignes d’être reproduites par le vulgaire mais fidèle pinceau de Schalken ou de Téniers.

Maître Pothier occupait la place d’honneur à la tête de la table.

D’une main, il tenait un gobelet de terre plein de cidre, et de l’autre, sa pipe encore fumante. Son sac de cuir était accroché dans un coin. Pour le moment, son utilité avait cessé !

Max Grimeau et Bartémy l’aveugle, arrivés à point pour goûter au pâté, occupaient, l’un la droite,