Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/67

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— Vous ne pourrez cependant pas nier, répliqua George, que ces manuels soient très demandés. Je sais qu’ils se vendent par milliers. Il y a sûrement des quidams dans toutes les villes d’Europe, qui se promènent, parlant de la sorte.

— Peut-être bien, répondis-je, mais heureusement que personne ne les comprend. J’ai plus d’une fois aperçu des gens, debout sur des plate-formes de tramways ou postés à des coins de rue, qui tenaient de ces livres à la main et les lisaient à haute voix. Personne ne sait quelle est la langue qu’ils parlent, personne n’a la moindre idée de ce qu’ils disent. Cela vaut peut-être mieux : si on les comprenait, il est plus que probable qu’on les écharperait.

— Il se peut que vous ayez raison. Je serais curieux de voir ce qui arriverait si effectivement on les comprenait. Je propose d’arriver à Londres de bonne heure mercredi matin et de passer une heure ou deux à nous promener et à faire des emplettes dans les magasins en nous servant de ce manuel. Il me faut quelques menus objets, entre autres un chapeau et une paire de pantoufles. Notre bateau ne quitte pas Tilbury avant midi et cela nous en laisse juste le temps. Je voudrais éprouver ce genre de langage à un endroit où je serais bien à même de juger de son effet. Je voudrais connaître les impressions de l’étranger quand on lui parle de la sorte.

Nous nous promîmes de l’amusement. Plein