Page:Kleist - Contes, t. 1, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/43

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tait emparée de son âme ; il avait renoncé à sa patrie, à l’Allemagne, à lui-même. Une femme, une amie en qui il avait trouvé un cœur capable de le comprendre, se trouvait atteinte d’un mal horrible et incurable qui la menaçait d’une mort sûre et affreuse. Dans un moment de tristesse, elle lui demanda de lui accorder une grâce dès qu’elle la réclamerait. Elle exigea un serment, et Kleist jura d’obéir à son amie. Alors celle-ci lui demanda la mort ; car les médecins, fidèles à leur devoir, employaient tout leur art à prolonger son existence autant que possible. Kleist, esclave de sa parole, poignarda son amie, et se tua lui-même