Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/12

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dispersée pour jouir du spectacle d’un cerf aux abois, dame Héloïse, appuyée sur le bras du prince, s’égara jusqu’à la chaumière où Kohlhaas et son escorte s’étaient arrêtés pour la nuit. Dame Héloïse, très-curieuse de connaître cet homme extraordinaire, entraîna le prince en l’assurant qu’il était méconnaissable dans ses habits de chasse. Celui-ci, incapable de résister à ses instances, enfonça son chapeau sur ses yeux, et disant avec amour : « Folie, tu gouvernes le monde, et ton trône est la bouche d’une belle femme, » il entra avec elle dans la maison.

Kohlhaas, assis sur un tas de paille, le dos appuyé contre la muraille, tenait son enfant malade dans ses bras, et lui donnait à manger, lorsque la noble dame, s’approchant, lui adressa plusieurs questions, aux-