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Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/144

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passait. En appliquant son oreille contre la porte, elle entendit un léger murmure, comme la douce voix de la marquise ; puis regardant par le trou de la serrure, elle vit sa fille assise sur les genoux du commandant qui la tenait serrée entre ses bras comme jamais de sa vie il ne l’avait fait. Elle ouvrit alors et entra le cœur plein de joie. Sa fille était à demi couchée, les yeux presque fermés, sur les genoux de son père qui la couvrait de ses baisers. Elle se taisait, lui aussi. Il la regardait avec l’amour d’un amant qui est auprès de son amie, et il ne se lassait pas de coller ses lèvres sur les siennes. Madame de Géri éprouva un bonheur céleste à ce spectacle ; invisible derrière le siége où ils étaient assis, elle tremblait de troubler cette félicité parfaite qui venait de nouveau habiter sa demeure. Elle s’ap-