Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

me dit à demi voix qu’il se repentait d’avoir commandé la mort du chevreuil, et tandis que les chevaliers de sa suite, poussant des cris de joie, faisaient pleuvoir l’argent dans une cassette que la sibylle tenait ouverte devant elle, il lui demanda, en lui présentant une pièce d’or, si elle avait à me prédire un aussi beau destin. Au lieu de répondre, elle plaça sa main sur sa figure, pour se préserver du soleil comme si elle en était incommodée ; elle me regarda, et lorsque je lui eus renouvelé la question du prince, et que je lui eus dit en plaisantant qu’elle paraissait n’avoir rien de bon à m’apprendre :

« Non, me dit-elle à l’oreille, d’un ton plein de mystère.

— Quoi ! m’écriai-je tout troublé, en faisant deux pas vers cette figure, dont le regard froid et sans vie res-