Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/125

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chambre d’Elvire, et entendit, à sa grande surprise, qu’on y parlait. Il appliqua aussitôt ses yeux contre la serrure pour chercher à voir ce qui se passait dans la chambre. Dieu du ciel, que vit-il ? Elvire comme en extase aux pieds de quelqu’un qu’il ne pouvait voir, et il entendit prononcer avec amour le nom de Colino. Il courut aussitôt, sans trahir son dessein, se mettre à la fenêtre du corridor, d’où il pourrait surveiller l’issue de la chambre. Déjà au bruit de la serrure qui s’ouvrit doucement, il crut que tout allait s’éclaircir, lorsqu’au lieu de l’inconnu qu’il s’attendait à voir, Elvire, elle-même, seule, la figure calme et sereine, sortit de la chambre en jetant sur lui un doux regard. Elle portait un paquet de linge sous le bras ; et après avoir fermé sa chambre à clef, elle descendit tranquillement la rampe.