Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/16

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de choisir un oratorio, quel qu’il fût, et de commencer aussitôt.

Les nonnes, tremblantes d’effroi, se placèrent à la galerie de l’orgue, et se mirent à accorder les basses, les violons et les hautbois, lorsque l’on vit tout-à-coup paraître sœur Antonie fraîche et bien portante, mais un peu pâle, tenant sous le bras la partition de l’ancienne messe italienne dont l’abbesse avait tant désiré l’exécution.

Elle ne répondit aux questions des nonnes, toutes surprises de la voir sitôt rétablie, qu’en leur imposant silence ; et distribuant les parties à celles qui se trouvaient auprès d’elle, elle s’assit à l’orgue, brûlante d’inspiration, pour diriger ce chef-d’œuvre musical.

Alors toutes les saintes filles sentirent leurs cœurs pleins d’une céleste consolation, et le saisissement même