Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/171

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justifier de cette honteuse accusation. Elle ajouta qu’elle n’eût pas été plus surprise de se voir accusée d’une telle chose par un Parthe ou un Perse qui ne l’aurait jamais vue, que par le comte Rothbart, qu’elle avait toujours détesté, soit à cause de sa mauvaise réputation, soit à cause de sa figure étrange, et pour lequel elle avait toujours montré la plus grande froideur.

« C’est assez, ma chère Littegarde, » s’écria le seigneur Frédérich ; et prenant sa main, il y appliqua ses lèvres avec l’expression de l’amour le plus respectueux ; « ne perdez pas vos paroles en justifications inutiles à votre ami. La voix qui s’élève pour vous dans mon cœur est plus forte que toutes les assertions, et même que toutes les preuves que vous vous disposez à donner de votre innocence devant les juges de Bâle. Puisque vos