Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/195

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dont elle n’est pas digne ; éloignons-nous, et que les reproches que nous lui épargnerons causent son désespoir.

— Le misérable ! reprit Littegarde en se levant, je me souviens que mes frères et moi nous allâmes chez lui trois jours avant la Saint-Remighius ; il donnait une fête à mon honneur, et mon père, qui voyait avec plaisir célébrer les charmes de ma jeunesse, m’engagea à accepter son invitation. Le soir, après le bal, lorsque je montai à ma chambre à coucher, je trouvai sur ma table un billet sans signature, écrit par une main étrangère et qui contenait une déclaration d’amour. Mes frères étant venus pour parler de notre départ, je leur fis voir cet étrange billet. Ils reconnurent aussitôt la main du comte, ils furent transportés de colère, et l’aîné voulait à l’instant même aller le trouver dans sa chambre ; mais le plus