Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/75

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qu’elle avait repris ses esprits, elle désirait autant qu’elle-même la juste vengeance que Congo saurait exercer contre cet ennemi de sa race.

Après un instant de silence, la vieille s’écria : « Par le ciel ! cette explication lui sauve la vie pour aujourd’hui. La nourriture que tu allais lui porter est empoisonnée ; » et se levant, elle jeta par la fenêtre une tasse de lait qu’elle avait posée sur la table.

Ensuite elle releva la jeune fille, qui était restée à genoux comme pétrifiée par l’horreur que lui inspirait sa mère, et lui demanda ce qui avait pu troubler ainsi son esprit pendant la nuit. Mais Toni avait le cœur trop plein pour parler ; elle était encore dans un état d’anéantissement, les yeux baissés et la tête penchée, lorsque l’étranger entra et les salua amicalement. Il remit à la vieille le billet