Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/83

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Lorsque la nuit fut venue, Babekan ferma la porte de l’étranger, et, après avoir concerté l’artifice par lequel elle pourrait le lendemain se rendre maîtresse d’une lettre semblable à celle qui s’était perdue, elle se mit au lit et ordonna à Toni d’en faire autant.

Celle-ci, qui attendait ce moment avec la plus vive impatience, se retira dans sa chambre, et, se prosternant devant l’image de la Vierge, elle la pria de lui donner le courage et les moyens de sauver le jeune homme du piége où elle l’avait elle-même attiré dans un but cruel et barbare. Elle pria son Dieu avec la plus ardente ferveur de vouloir bien lui pardonner ses crimes passés, en considération de la démarche dangereuse qu’elle allait faire pour tenter de sauver l’étranger, avec lequel elle partirait pour l’Europe si elle réussissait.