Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/84

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Singulièrement fortifiée par cette prière, elle saisit le paquet de clefs qui ouvraient toutes les portes de la maison, et s’achemina lentement et sans lumière jusqu’à la chambre de l’étranger.

Elle ouvrit doucement la porte et s’approcha du lit où il reposait. La lune éclairait son visage frais et brillant de jeunesse, et le vent de la nuit, pénétrant par les fenêtres ouvertes, se jouait sur son front dans les boucles de ses cheveux. Se baissant tendrement sur lui, Toni l’appela en respirant sa douce haleine ; mais il dormait profondément, un songe agréable semblait l’occuper, et le nom de la jeune fille sortit deux fois de ses lèvres brûlantes. N’ayant pas le courage de l’arracher à de douces illusions, et dans la pensée qu’il ne tarderait pas à s’éveiller lui-même, elle s’agenouilla de-