Page:Kleist - Contes, t. 3, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/86

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Toni, qui avait tout entendu, resta quelques instans comme frappée de la foudre, puis elle pensa à éveiller l’étranger ; mais réfléchissant que la fuite était impossible, et qu’il périrait immanquablement en voulant se défendre seul contre les nègres, elle chercha ce qu’elle pourrait faire pour ne point paraître perfide aux yeux de Congo. Dans cette angoisse inexprimable, une corde suspendue à la muraille s’offrit à ses regards ; elle s’en saisit, en lia les pieds et les mains de l’officier, sans faire attention qu’il s’agitait et se débattait ; elle le fixa fortement au lit, et, posant un baiser sur les lèvres de son amant, elle courut au-devant du nègre Hoango.

Celui-ci, qui n’avait point voulu ajouter foi aux insinuations de la vieille contre Toni, resta stupéfait à sa vue,