Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/48

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canaille ! Quant aux épées, elles ont volé en éclats. Ici, au milieu, on voyait l’archevêque d’Arras avec la Sainte Mitre ; celui-là, le diable l’a emporté tout entier ; son ombre seule s’étend encore de toute sa longueur sur le pavé. Là, au fond, des gardes du corps formaient cercle, tenant en rangs serrés les hallebardes et les piques. Là, voyez-vous, étaient les maisons de la grand’place du Marché, à Bruxelles ; un curieux regarde encore par l’une des fenêtres : pourtant je ne sais vraiment pas ce qu’il peut bien voir à présent.

Adam.

Dame Marthe, faites-nous grâce du pacte et de ses malheurs, s’il n’a rien à voir à l’affaire. C’est le trou qui nous regarde et non les provinces dont la donation y figurait.

Dame Marthe.

Pardon ! La beauté de la cruche a aussi son importance. Ce fut Childéric, le chaudronnier, qui conquit la cruche lorsque d’Orange envahit Briel avec les gueux de mer. Un Espagnol, l’ayant remplie de vin, la portait justement à sa bouche, lorsque Childéric, par derrière, abattit l’Espagnol, saisit la cruche, la vida et s’en fut.

Adam.

Un digne gueux de mer !

Dame Marthe.

Puis la cruche échut par héritage à Furchtegott, le fossoyeur. Celui-ci n’y but que trois fois, cet homme sobre, et encore du vin mélangé d’eau ! La première fois, ce fut lorsqu’à soixante ans, il prit une jeune femme ; la seconde, trois ans plus tard, lorsqu’elle le rendit heureusement père ; puis comme elle lui donna encore quinze enfants, il but pour la troisième et dernière fois lorsqu’elle mourut.

Adam.

Pas mal non plus.