Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/68

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Lumière.

Et je me prépare une nouvelle feuille, curieux de voir ce qu’il viendra s’y inscrire.

Adam.

Une nouvelle feuille ? Bien.

Walter.

Parle, mon enfant.

Adam.

Parle, petite Ève, tu entends, parle à présent, jeune Ève. Donne à Dieu, tu entends, mon petit cœur, donne-lui et donne au monde quelque chose de véridique. Songe que tu es ici devant le tribunal institué par Dieu et que tu ne dois pas affliger ton juge avec des dénégations, ou avec des bavardages qui ne touchent point à l’affaire. Mais quoi ! tu es raisonnable ! Tu sais qu’un juge est toujours un juge, que tel en a besoin aujourd’hui et tel autre demain. Si tu dis que c’était Lebrecht, c’est bon ; et si tu dis que c’était Ruprecht, c’est encore bon. Parle comme ci, parle comme ça, et je ne suis pas un honnête homme si tout ne s’arrange pas comme tu le désires. Mais si tu viens me jaser d’un autre, d’un troisième peut-être, et prononcer sottement des noms, alors prends garde, mon enfant, je n’en dis pas davantage. À Huisum, par le diable, personne ne te croira, et personne, ma petite Ève, dans tous les Pays-Bas. Tu le sais, les murs blancs ne témoignent de rien, celui-là aussi saura se défendre et la fièvre emportera ton Ruprecht.

Walter.

Si vous vouliez finir vos discours. Des bavardages qui n’ont ni queue ni tête.

Adam.

Votre Grâce ne les comprend pas ?