Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/69

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Walter.

Avancez, avancez. Vous n’avez que trop parlé sur ce siège.

Adam.

Ma foi, monsieur le conseiller, je n’ai pas fait mes études, et si pour vous, messieurs d’Utrecht, je ne suis pas très clair, il en est autrement pour le peuple ici, et je parie que la jeune fille, elle, sait ce que je veux.

Dame Marthe.

À quoi bon tout cela. Parle hardiment à présent.

Ève

Oh ! chère mère.

Dame Marthe.

Toi, je te conseille !…

Ruprecht.

En vérité, dame Marthe, il est difficile de parler hardiment quand la conscience vous serre la gorge.

Adam.

Tais-toi donc, blanc-bec, et ne bouge pas.

Dame Marthe.

Qui était-ce ?

Ève

Ô Jésus !

Dame Marthe.

L’imbécile, va ! le misérable. Ô Jésus ! comme si elle était une fille perdue ! Allons, était-ce le Seigneur Jésus ?

Adam.

Voyons, dame Marthe ! Vous perdez la tête. Laissez donc la jeune fille tranquille. En voilà des mots pour terrifier l’enfant : fille perdue ! Buse que vous êtes, nous n’en tirerons rien ainsi. Elle va déjà se souvenir.

Ruprecht.

Eh oui, se souvenir.