Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/70

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Adam.

Te tairas-tu, butor !

Ruprecht.

Le savetier lui reviendra déjà en mémoire !

Adam.

Par Satan, appelez le garde. Hé, Hanfriede !

Ruprecht.

Là ! là ! je vais me taire, monsieur le juge, laissez seulement. Elle arrivera bien, à donner mon nom.

Dame Marthe.

Écoute, Ève ! Ne me fais pas de comédie ici. J’ai vécu quarante-neuf ans honorablement, tu entends, et je voudrais bien arriver à la cinquantaine. Mon jour de naissance est le trois février ; c’est aujourd’hui le premier. Allons ! sans phrases : qui était-ce ?

Adam.

Bien, à mon avis, très bien, dame Marthe.

Dame Marthe.

Lorsque son père mourut, il me dit : « Écoute, Marthe, trouve un brave garçon pour la petite ; mais si elle devient une misérable coureuse, il faudra que tu donnes une pièce au fossoyeur afin qu’il me replace sur le dos, car je crois, sur mon âme, que je me retournerai dans ma tombe ».

Adam.

Hum ! ce n’est pas mal non plus.

Dame Marthe.

Si tu veux maintenant, ma petite Ève, honorer ton père et ta mère selon le quatrième commandement, c’est bon, tu peux dire : J’ai fait entrer dans ma chambre le savetier, ou un autre, oui ! Mais ce n’était pas mon fiancé.

Ruprecht.

Elle me fait pitié ! Laissez donc la cruche, je vous prie.