Page:Kleist - Kotzebue - Lessing - Trois comedies allemandes.djvu/95

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une commission pour la ville ? — Mon fils, lui ai-je répondu, puisque tu es si complaisant, fais-moi donc mettre un toupet neuf à ma perruque ». Mais je ne lui ai pas dit : « Va et garde-la chez toi, déguise-toi avec et abandonne-la dans l’espalier de dame Marthe ».

Dame Brigitte.

Messieurs, je crois, si vous permettez, que cela ne devait pas être Ruprecht. Lorsque hier au soir je suis partie pour aller à la métairie voir ma cousine qui vient de faire ses couches, j’ai entendu la jeune fille gronder quelqu’un d’une voix étouffée : la colère et la crainte semblaient lui avoir coupé la parole : « Fi ! quelle honte, disait-elle, que c’est lâche ! Que faites-vous ! Allez-vous-en, je vais appeler ma mère », comme si les Espagnols étaient dans la place. « Ève, appelai-je à travers la haie, Ève qu’as-tu ? que se passe-t-il ? Tout devint silencieux. « Ève, répondras-tu ? » dis-je encore. — Que voulez-vous tante ? — Qu’y a-t-il donc ? ai-je demandé. — Qu’y aurait-il ? fait-elle. — Est-ce Ruprecht qui est là ? — Mais oui, Ruprecht. Allez tranquillement votre chemin ». Bon ai-je pensé ; il y en a qui s’aiment comme d’autres se disputeraient ; balaie devant ta porte.

Dame Marthe.

Par conséquent ?

Ruprecht.

Par conséquent ?

Walter.

Silence ! Laissez-la finir.

Dame Brigitte.

Lorsque je suis revenue de la métairie, il pouvait être environ minuit, et que je passais dans l’allée de tilleuls près du jardin de Marthe, je vois tout à coup passer devant moi un individu étrange, avec une tête chauve et un pied-