Page:Kostomarov - Deux nationalités russes.djvu/49

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sociales, le goçoudar faisait tout et entr’autres faisait cadeau de terres pour récompenser les services rendus. Ainsi, la terre appartenait, d’après les anciens principes au mir, c’est-à-dire à toute la société, à la collectivité, mais celle-ci ayant abandonné ce droit entre les mains du monarque, celui-ci en accordait l’usufruit à certaines personnes que le goçoudar voulait récompenser ou élever.

Nous disons usufruit parce qu’en réalité ce don n’avait pas la signification exacte de propriété. Ce qui était donné par le tsar pouvait être repris par lui et donné à une autre personne, ce qui arrivait assez souvent. Aussitôt que se formaient des rapports d’ouvriers au propriétaire terrien, celui-ci naturellement prenait le caractère de représentant du mir, comme le tsar était le représentant de la nation. Un serf unissait son sort à la dignité de gospodine : la volonté du seigneur commença à remplacer sa propre liberté, de même que partout où il n’y avait pas de seigneurs cette liberté individuelle était absorbée par le mir. Chez les paysans appartenant à de grands propriétaires, la terre appartenait aux seigneurs qui la donnaient selon leur bon plaisir aux agriculteurs.

Chez les paysans de la commune, la terre était mise à la disposition du mir en usufruit, et le mir, à sa guise, la distribuait aux individus pour qu’ils la cultivassent. En Ukraine, où la vie historique s’était développée différemment, l’idée du mir n’existait pas. Là les anciennes idées du Vetché (c’est-à-dire l’idée de la landsgemeinde. Note du traducteur.) continuèrent à se développer et se rencontrèrent avec les idées polonaises qui avaient des ressemblances avec elles, si plus tard elles ont changé c’est sous l’influence des idées de l’Europe occidentale. L’ancien droit de liberté individuelle ne fut pas supprimé par la suprématie du pouvoir public, et l’idée de propriété indivise du sol ne fut pas réglée. Les idées polonaises n’introduisirent pas dans les idées de la vieille Russie d’autres changements que de régler cette propriété. Chaque agriculteur était propriétaire indépendant de sa parcelle ; l’influence polonaise ne fit que le protéger contre tout arbitraire de la volonté populaire et auparavant elle était exprimée par la coopération de la société dans le sens d’union des personnalités libres et elle transforma la possession de facto, en propriété de droit. Ainsi elle élevait les riches et les influents, établissait une classe supérieure