Page:Kotzebue - Supplement au theatre choisi.djvu/113

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Habits, linge, argent même, rien ne me manquait ;… mais vous oubliâtes une chose que vous crûtes apparemment peu essentielle ; et qui, cependant, l’était beaucoup. C’était de joindre à tout cela mon extrait baptistaire. (Wilhehnine se trouble) Un garçon de quinze ans ne pense pas à tout. J’étais d’ailleurs un étourdi. Cet oubli n’a pas laissé cependant que de me causer bien des désagrémens… Souvent je me suis vu tenté de quitter la vie de soldat, et ne me trouvant pas tout-à-fait dénué d’intelligence, je voulais apprendre un métier quel qu’il fût ; mais quand pour cet effet j’allais me présenter à un maître… la première demande qu’on me faisait, était celle de mon extrait baptistaire… Cela me fâcha, me découragea ;… et rebuté par toutes les contradictions, qu’on me suscitait sans cesse sur cet objet, je pris le parti de rester soldat… Dans ce métier on demande simplement si vous avez du cœur ; et vous m’en aviez formé un, ma digne mère, fait au courage aussi bien qu’à la vertu : avec tout cela cette affaire ne laissait pas que de m’occasionner quelques tracasseries. Mes camarades n’ignoraient pas ce qui m’était arrivé… Mes projets et la façon dont je les avais vu échouer… Les mots de bâtard… d’inconnu, d’enfant de la fortune, sifflaient sans cesse à mes oreilles ; deux ou trois fois même je fus obligé de me battre, et fus mis aux arrêts… Mon capitaine (Ô ma mère ! quel excellent homme !) mon capitaine, qui m’aimait, me fit un jour venir chez lui…